MONTAIGNE DES CANNIBALES ET DES COCHES

Montaigne des Cannibales et des Coches. Montaigne est un auteur qui s’inscrit dans la pensée humaniste. En effet, il s’efforce de comprendre les enjeux de son temps, tels que la découverte des Amériques par Christophe Colomb, qui donnera lieu à la colonisation et à l’esclavage mais aussi aux guerres civiles de religion qui opposent Protestants et Catholiques. Mais pour comprendre ces enjeux nouveaux, l’auteur s’appuie sur la philosophie antique.

On voit l'auteur des coches et des cannibales dans un portrait officiel.

MONTAIGNE DES CANNIBALES ET DES COCHES : Comment Montaigne fonde-t-il sa sagesse sur les textes antiques et les met-il à profit dans un relativisme des cultures ?

I)Une sagesse fondée sur l’Antiquité

Tous les philosophes du XVIè sont en quête d’une sagesse. Cette dernière apparaît comme un point de rencontre morale/connaissance, savoir/devoir.

Ce qui fascine dans les textes antiques c’est cette sagesse dépourvue de toute réflexion religieuse.

_Mais comment intégrer cette sagesse dans un monde chrétien ?

Il y a alors une volonté de faire dialoguer le savoir antique et le monde humaniste. La particularité de l’œuvre de Montaigne est de ne jamais tomber dans le dogmatisme, dans la prescription mais de toujours laisser la réflexion en suspens.

Scepticisme :

Pyrrhon, l’un des auteurs sceptiques qui sert de modèle à la pensée de Montaigne, considère que tout est apparence et que l’être n’existe pas : il n’existe aucune autre solution que de suspendre son jugement. (on émet une opinion mais elle n’affirme rien de certain et rien n’empêche son auteur de se raviser par la suite)

D’où, la forme de l’essai qui se réécrit et modifie la pensée de Montaigne.

-Mais Montaigne préfère à la manière de pensée figée de Pyrrhon, le mouvement :

La sagesse de Montaigne suppose de refuser de se corriger. Il n’y a pas d’être et pourtant son être se trouve sans cesse engagé à « se portraiturer » : seul le pronom « je » peut assumer ce mouvement perpétuel.

Ex « Comment notre esprit s’embarrasse lui-même »

-Montaigne s’appuie sur l’exemple des Stoïciens qui remettent en balance, en doute, toutes nos certitudes. Cf la citation de Pline qui conclut l’essai.

Socrate :

« Connais-toi toi-même » qui est le fondement de l’écriture des Essais.

Ex : « Avis au lecteur »

Epicurisme et plaisirs :

L’Epicurisme consiste à profiter pleinement de chaque jour et des plaisirs qu’il offre mais en restant mesuré (pour Epicure, la sensation est à l’origine de toute connaissance).

Toutefois, cette volonté de profiter des plaisirs a été mal comprise et on a parlé des « pourceaux d’Epicure » (pers dégoutante qui ne vivent que dans l’excès  des plaisirs)

Mais l’Epicurisme prône plutôt un idéal de bonheur paisible où l’on peut profiter de plaisirs simples.

Quadruple remède que les Epicuriens avaient gravé sur un portique :

  1. Les dieux ne sont pas à craindre ;
  2. La mort n’est pas à craindre ;
  3. On peut atteindre le bonheur ;
  4. On peut supprimer la douleur ;

-Mais Montaigne adapte l’Epicurisme au Maniérisme du XVIè qui montre un goût particulier de l’ostentation (l’âme se montre, se contemple, s’analyse) ce qui semble annoncer le Baroque et son esthétique du changement.

Stoïcisme : (Cicéron, Sénèque, Marc Aurèle)

  • Pierre angulaire de cette quête de la sagesse.
  • Pour les Stoïciens, le Bien repose sur la vertu, ils opposent passion/raison. L’ataraxie consiste pour eux à une impassibilité absolue. Mais cette doctrine est très rigoureuse et les philosophes du XVième comme Montaigne et Erasme indiquent que l’homme  est assujetti à son corps et que l’humaine condition est faillible (ce que l’on retrouve dans les préceptes de la Bible qui, à l’époque de Montaigne, apparaît comme un texte de référence). Montaigne en fait donc usage mais pas de manière stricte.

II)La découverte du Nouveau Monde : le relativisme

La découverte du Nouveau Monde remet en question les connaissances européennes :

-MONTAIGNE DES CANNIBALES ET DES COCHES : Le savoir :

Scepticisme  « que sais-je » que Montaigne utilise comme devise : remise en question d’un savoir acquis depuis des siècles mais qui ne tient pas compte de toutes les évolutions du XVIè.

  • Ethnocentrisme

Ex : « Des Cannibales » : remet en question cette hégémonie de la pensée européenne qui se place dans un rapport de supériorité à l’Autre mais le texte de Montaigne montre que l’étrangeté de l’Autre est vraie aussi pour les Indigènes et rien ne montre que la culture européenne soit meilleure que la leur.

  • Une inversion des valeurs :

Ex : « Des Coches » (p312) : non seulement il défend la culture indigène mais il réprouve l’injustice et l’arbitraire qui règnent en Europe.

  • Ce qu’il place au centre de la pensée humaniste de Montaigne n’est donc pas l’Européen mais l’homme

MONTAIGNE DES CANNIBALES ET DES COCHES: CONCLUSION

Dans « Des Cannibales » et « des coches », Montaigne forge sa propre réflexion en s’appuyant sur la pensée de divers philosophes de l’Antiquité. Non seulement il se refuse à s’enfermer dans un mode unique de penser mais, tout au long de sa vie, il se montre capable d’évoluer, comme en témoigne l’écriture singulière de l’essai.

Pour aller plus loin:

Biographie de Montaigne

-Dissertation sur « Des Cannibales » et « Des Coches » (ainsi que le parcours: « Notre monde vient d’en trouver un autre »)

Synthèse sur l’écriture des Essais

Commentaire sur « Des cannibales » (comparaison entre le cannibalisme des indigènes et les Européens: le relativisme culturel)

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