THERESE RAQUIN SCENE DE LA MORGUE (chapitre 13)

THERESE RAQUIN SCENE DE LA MORGUE (chapitre 13). A la fin des années 1860, Emile Zola a la volonté de donner naissance à une œuvre littéraire qui se veut scientifique, projet qui donnera naissance au Naturalisme. Pour ce faire, il se rend à la morgue pour étudier l’apparence des cadavres et étudie les livres de biologie afin de décrire Camille avec une  grande vraisemblance. Rappelons que Thérèse Raquin est un roman publié par Emile Zola en 1867. Le roman relate l’histoire de Thérèse, mariée à Camille, lorsqu’elle fait la connaissance de Laurent. Les deux amants se sentent oppressés par le mari gênant. Dès lors, ils décident de se débarrasser de lui. A l’occasion d’une promenade en canot sur la Seine, Laurent se bat avec Camille et renverse la barque. Camille se noie. Mais au lieu d’être libéré de la présence de Camille, Laurent est obsédé par le meurtre. Il se rend alors chaque jour à la morgue afin de voir si le corps a été retrouvé. Le chapitre 13 relate le moment où Laurent se trouve confronté au corps de sa victime.

On voit Thérèse Raquin scène morgue chapitre 13 car des gens regardent les corps exposés à la morgue de Paris au XIXème siècle.

Problématique : Comment le cadavre de Camille est-il décrit à travers les yeux de son meurtrier ?

I)Description du corps de Camille

A/Un portrait du cadavre

  • D’abord l’auteur emploie d’imparfait ainsi que des verbes d’état : « était » et « paraissait ».
  • Ensuite, Zola utilise de nombreux adjectifs qualificatifs pour décrire avec précision le corps de la victime : « ignoble », « ferme » et « rigide ».
  • En outre, le texte se compose majoritairement de phrases longues, traditionnelles des textes descriptifs. Ces phrases amples donnent au texte un rythme plutôt lent.

B/Le visage du noyé

  • En premier lieu, le meurtrier a l’habitude de se rendre quotidiennement à la morgue pour voir si le corps de Camille a été retrouvé. C’est précisément grâce au visage de Camille que le corps est identifié.
  • Ainsi, tout un champ lexical du visage peut être relevé avec des termes tels que « tête, cheveux, yeux, temps ».
  • Enfin, la comparaison péjorative met en évidence la détérioration du visage : « cette tête, comme tannée et étirée ». En effet, les deux participes passés utilisés comme adjectifs qualificatifs montrent qu’à l’image du cuir étiré, la peau de Camille porte des marques brunes.

C/Un corps abîmé

  • En second lieu, nous pouvons constater l’emploi d’un champ lexical du corps : « bras, clavicule, jambes et pieds ».
  • Or, ce champ lexical est organisé dans la suite logique du lexique du visage. Au fond, la description très précise et détaillée effectuée par Zola suit le regard de Laurent. Celui-ci observe attentivement le visage de Camille avant de parcourir tout le corps de sa victime jusqu’aux pieds.
  • Ensuite, le corps est décrit à travers l’usage d’adjectifs de couleur : « blancheur, noirâtre, verdâtre, jaunâtre ». Ces couleurs évoquent sans aucun doute le portrait que Laurent avait peint de Camille. En outre, ces adjectifs terminent par un suffixe péjoratif qui met en évidence les couleurs salies, témoignage de la dégradation du corps resté 15 jours dans la Seine.

II) La vision de Laurent

A/ Le point de vue du meurtrier

  • D’abord, « Laurent regardait Camille » met en évidence le point de vue interne au meurtrier.
  • De même « un air étriqué, maigre et pauvre » : cette tournure également trahit la subjectivité de Laurent qui a connaissance de la victime et qui attribue au cadavre des caractéristiques qu’il ne peut avoir au moment où il le regarde. Il lui applique un jugement qu’il avait auparavant sur lui.
  • De plus, l’usage du pronom personnel « on » est très intéressant. Le regard que porte Laurent semble être généralisé par le narrateur en troisième personne : « On aurait deviné que c’était là un employé à douze cents francs, bête et maladif, que sa mère avait nourri de tisanes ». Cette remarque met en évidence les principales caractéristiques de Camille : sa fragilité physique, la surprotection de sa mère etc.
  • De même, l’antithèse de la dernière phrase trahit le même aspect : Ce pauvre corps, grandi entre des couvertures chaudes, grelottait sur la dalle froide. »

B/Le dégoût de Laurent

  • Effectivement, la description n’est pas objective. Elle est le fruit de l’observation du coupable. Ainsi : « Camille était ignoble » est un jugement de Laurent dégoûté par cette vision terrible.
  • Puis, on constate l’usage d’un champ lexical de la putréfaction : « un tas de chairs dissoutes », « pourrissait », « se creusait » et « pourriture ». En effet, le corps est très dégradé après un séjour prolongé dans l’eau.
  • Enfin, la densité du corps, la tenue de la chair n’est plus possible comme le montre la référence au lexique du tassement : « un tas », « se ramassait », « tout petit tas ». L’apparence humaine de Camille est en train de s’effacer ce qui rend cette vue insupportable à Laurent. Cette image restera traumatisante pour l’assassin qui reverra cette image dans ses moments d’angoisse et dans ses cauchemars.

C/ Une scène fantastique

  • Premièrement, au moment où il voit ce corps, Laurent bascule. Sa mauvaise conscience va désormais le dominer alors qu’il pensait se libérer en tuant Camille.
  • Ainsi, le vocabulaire de l’angoisse est très important : « ignoble, atroce, épouvante, effrayante, épouvantable ». Laurent est dominé par la terreur provoquée par le cadavre de sa victime.
  • Enfin, les hallucinations telles que : « grimaçait, ricanement, la langue noirâtre apparaissait dans la blancheur des dents ». Ainsi, Laurent a l’impression que le noyé se moque de lui, le nargue. Or cette impression laisse à penser que le coupable est désormais dominé par sa victime et par son meurtre.

THERESE RAQUIN SCENE DE LA MORGUE (chapitre 13). Conclusion 

Finalement, le corps est donné à voir au lecteur travers une description très précise et organisé de la tête aux pieds. De plus, ce corps est très dégradé après un long séjour dans l’eau de la Seine. Or, c’est l’assassin lui-même qui regarde le fruit de son crime et s’en trouve dégoûté. Par ailleurs, cette scène est marquée par le fantastique puisque Laurent croit lire de la moquerie sur le visage de Camille. Ainsi cet épisode apparaît comme le déclencheur des moments de crise qui suivront au cours desquelles Laurent souffrira de paranoïa et croira que Camille est entre lui et Thérèse, notamment le soir de la nuit de noces lorsque les jeunes mariés sont terrorisés par le portrait de Camille.(voir le commentaire complet du chapitre 21, clique ICI.)

Commentaire du chapitre 1 de Thérèse Raquin

Commentaire du chapitre 32 de Thérèse Raquin

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Biographie d’Emile Zola

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