Qu’est-ce que la littérature?

QU’EST-CE QUE LA LITTÉRATURE? Pour reprendre le titre d’un essai de 1947 écrit par Jean-Paul Sartre.  Revenons en premier lieu au sens du mot « littérature » et de son évolution dans le temps. Il est alors aisé de comprendre que définir la littérature n’est pas une mince affaire.

Diachronie 

Première entrée

Ainsi, selon le CNRTL, au XIIème siècle, le mot renvoie à ce qui est écrit, le sens littéral. Or, au XVème siècle, le terme désigne « l’érudition et la connaissance ».  Au XVIIIème siècle, il est à noter une nouvelle évolution sémantique puisque désormais le mot englobe tout ce qui a été écrit sur un sujet donné. Nous constatons donc que la littérature renvoie à l’écrit, puis à une forme de connaissance avant de désigner une somme culturelle.

Si nous nous tournons vers le dictionnaire du Robert pour chercher quelques éclaircissements sémantiques, nous trouvons la définition suivante : « les œuvres écrites, dans la mesure où elles portent la marque de préoccupations esthétiques. » Par extension, ce terme féminin renvoie également aux connaissances et activités qui s’y rapportent. On trouve ainsi un premier sens qui renvoie au « travail de l’écrivain ». Puis, « ce qu’on trouve dans les œuvres littéraires et qui ne correspond pas à l’expérience du réel. » Dès lors la littérature renvoie à un monde imaginaire, artificiel.

Enfin, la littérature renvoie à « un ensemble de connaissances concernant les œuvres littéraires, leurs auteurs ».

Deuxième entrée

Une deuxième entrée désigne un ensemble d’ouvrages publiés sur une question. Le terme est alors synonyme de bibliographie, comme dans l’expression « il existe sur la question une abondante littérature ».

Pour synthétiser les informations que nous apportent le CNRTL selon une approche historique, du 12ème siècle à nos jours, et du dictionnaire de langue qu’est le Robert nous pouvons d’ores-et-déjà constater plusieurs caractéristiques majeures :

  • Premièrement, la littérature désigne ce qui est écrit.
  • Deuxièmement, le terme littérature renvoie à une forme d’érudition, de savoir. D’où le fait, d’ailleurs, que le mot se rapproche de bibliographie dans le sens où il se réfère à toutes les œuvres traitants d’un sujet.
  • Troisièmement, la littérature suppose un travail, une recherche notamment esthétique de la part de l’écrivain.
  • Quatrièmement, la littérature relève d’un artifice. D’ailleurs, la tournure péjorative « Et tout le reste n’est que littérature », s’appuie sur cet artifice propre à la littérature.

Qu’est-ce que la littérature, selon Jean-Paul Sartre

Si nous essayons maintenant de trouver davantage de précisions sur ce qui distingue la littérature dans l’essai de  Jean-Paul Sartre.

Première partie : qu’est-ce qu’écrire ?

Son essai s’ouvre sur une interrogation sur l’acte d’écrire. Or, au fil d’une réflexion nourrie, il constate qu’écrire, c’est l’acte même de révéler. Autrement dit, écrire consiste à donner à voir. Puis, après s’être questionné sur le fond, Sartre s’interroge sur la forme proprement littéraire, le style. Il constate d’ailleurs que la forme ne doit jamais préexister, c’est le sujet et le contexte qui nécessiteront que l’auteur trouve de nouveaux moyens d’expression.

Enfin, Jean-Paul Sartre évoque l’engagement de l’écrivain. Ainsi, l’écrivain doit s’engager tout entier dans son écriture, dans sa création. Ainsi, l’écriture est le fruit d’une décision. Dès lors, pourquoi écrire ?

Deuxième partie : pourquoi écrire ?

Comme il l’a montré dans la première partie, l’écriture est un moyen d’expression. Mais que permet-elle de dire ?

Il prend l’exemple d’un paysage. L’homme révèle la beauté du paysage par son regard, néanmoins, l’homme est parfaitement étranger à l’émergence de cette beauté. Si l’homme crée, il perd sa capacité à révéler mais il est devenu essentiel dans le processus, il est à l’origine de l’émergence de la beauté. La clé se trouve dans le processus de lecture : cet acte permet en effet de faire la synthèse de la perception et de la création. Jean-Paul Sartre écrit : « C’est l’effort conjugué de l’auteur et du lecteur qui fera surgir cet objet concret et imaginaire qu’est l’ouvrage de l’esprit. Il n’y a d’art que pour et par autrui. »

Ainsi, en littérature, la collaboration entre l’auteur et le lecteur est essentielle, chacun reconnaît la liberté de l’autre. Chacune des deux instances est pleinement engagée dans sa tâche. C’est d’ailleurs pour cette raison que Sartre critique le réalisme dans lequel le lecteur n’est que contemplateur, il n’est pas engagé dans le processus de recréation du monde. Mais alors, pour qui écrit-on ?

Troisième partie : pour qui écrit-on ?

Sartre s’intéresse dans ce chapitre aux relations entre l’écrivain et son public. L’écrivain est celui qui fait violence à son lecteur, il lui donne à voir ce qui le déstabilise, par exemple. Dès lors, l’écrivain se trouve face à des lecteurs conservateurs, le public réel, et des lecteurs progressistes, le public virtuel. Il réfléchit alors de manière historique à ces deux instances de lecteurs.

Au Moyen-Age

Au Moyen Age, seuls les clercs savent lire et écrire, l’écrivain s’adresse alors à un public restreint.

A l’époque classique

Au XVIIème siècle s’opère une laïcisation du lectorat mais ceux qui lisent représentent encore une élite. Celle-ci ne cherche pas vraiment à ce qu’on lui donne à voir ce qu’elle ne voit pas mais plutôt que la littérature lui tende le miroir de ce qu’elle croît être. Mais selon Sartre, cette littérature moralisatrice est déjà marquée par une forme de liberté car elle s’efforce de libérer le lecteur de ses passions.

A l’ère des Lumières

C’est au XVIIIème siècle que s’opère un tournant. La bourgeoisie refuse l’idéologie de la classe dominante. Pour s’en affranchir, elle a besoin de l’écrivain. Mais cette libération n’est que fugace car, selon Sartre, dès que la bourgeoisie a atteint son objectif, elle  est de nouveau réduite à la psychologie. En effet, le l’écrivain se plaît à railler la bourgeoisie mais il ne s’intéresse pas au peuple.

A l’époque moderne

Le sommet de cette négation, de cette destruction est atteint au milieu du XXème siècle avec le surréalisme. Après avoir tout nié, la littérature se nie alors elle-même. Pour Sartre, jusqu’ici, la littérature n’a pas pu se libérer.  Pour lui, la littérature a besoin de s’ancrer dans l’histoire afin de parler à ses contemporains. Ainsi, la littérature renfermerait toute l’humanité. Mais Sartre l’admet lui-même, une telle vision de la littérature est purement utopique.

La quatrième partie consiste à se recentrer sur l’écrivain en 1947.

CONCLUSION : QU’EST-CE QUE LA LITTÉRATURE?

Nous espérons que cet article « QU’EST-CE QUE LA LITTÉRATURE? » a pu t’aider dans ta réflexion et que tu as pu en apprécier la lecture. N’hésite pas à définir la littérature dans les commentaires.

Pour aller plus loin:

Fiche sur les genres littéraires

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