Juste la fin du monde analyse linéaire épilogue

Juste la fin du monde analyse linéaire épilogue. L’épilogue est, dans la tragédie, le retour au calme. Dans la pièce de Jean-Luc Lagarce de 1991, il s’agit dans l’épilogue d’un monologue de Louis. Ainsi, l’oeuvre s’inscrit dans une forme circulaire dans la mesure où le prologue était également constitué d’un monologue de Louis. Après la lecture de l’épilogue, nous proposons une analyse linéaire du texte. (méthode du commentaire linéaire)

On voit Louis dans l'épilogue de Juste la fin du monde.

Juste la fin du monde: texte de l’épilogue

Louis. – Après, ce que je fais,
je pars.
Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard,
une année tout au plus.

Une chose dont je me souviens et que je raconte encore
(après, j’en aurai fini) :
c’est l’été, c’est pendant ces années où je suis absent,
c’est dans le Sud de la France.
Parce que je me suis perdu, la nuit dans la montagne,
je décide de marcher le long de la voie ferrée.
Elle m’évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu’elle passe près de la maison où je vis.
La nuit aucun train n’y circule, je ne risque rien
et c’est ainsi que je me retrouverai.
À un moment, je suis à l’entrée d’un viaduc immense,
il domine la vallée que je devine sous la lune,
et je marche seul dans la nuit,
à égale distance du ciel et de la terre.
Ce que je pense
(et c’est cela que je voulais dire)
c’est que je devrais pousser un grand et beau cri,
un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée,
que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir,
hurler une bonne fois,
mais je ne le fais pas,
je ne l’ai pas fait.
Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier.

Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai.

Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1991.

JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE

Problématique: Pourquoi cet épilogue apparaît-il comme une série de déceptions?

Premier mouvement (du début à « une année tout au plus ») Une parole d’outre-tombe

  • D’abord, l’épilogue s’ouvre sur un connecteur temporel « après ». Or celui-ci indique que l’épilogue apparaît comme une suite à la pièce.
  • Or, l’idée de départ définitif est inscrite fermement avec l’emploi du verbe « partir » et « ne plus jamais revenir ».
  • D’ailleurs, comme dans l’ouverture du prologue, nous pouvons constater avec étonnement que le personnage semble s’exprimer d’outre-tombe. Effectivement, les références temporelles nous placent après la mort du héros: « quelques mois plus tard », « une année tout au plus ».

Ainsi, ce premier mouvement fait entendre la voix d’un mort.

Deuxième mouvement (de « Une chose dont je me souviens » à « c’est ainsi que je me retrouverai »): un souvenir

  • Ensuite, le deuxième mouvement s’ouvre sur l’évocation de sa mémoire avec l’emploi du verbe « je me souviens ».
  • Puis, une mention entre parenthèses « après j’en aurai fini » permet une double lecture. De quoi s’agit-il? Il en aura fini de sa vie, cette mention serait alors tragique. Mais s’il fait référence à la pièce, cette mention revêt alors une tonalité comique, comme s’il s’excusait d’ennuyer son spectateur et lui promettait qu’il serait bientôt libéré de ce fardeau.
  • Ce souvenir est fermement ancré grâce à la précision de divers compléments circonstanciels de lieu et de temps annoncés par un présentatif: « c’est l’été »,  » c’est pendant ces années », « c’est dans le sud de la France ». Il évoque alors un moment où il s’est perdu dans la nuit.
  • Alors se développe une métaphore du chemin suivi. En effet, il avait la possibilité de se laisser porter au gré des chemins de montagne mais il choisit l’efficacité de la voie ferrée, comme marqué par le productivisme de son époque. Nous pouvons ainsi relever un champ lexical de la voie : »chemin », « méandres », « route », « marcher ».

Ainsi, ce deuxième mouvement fait état d’un souvenir dans lequel Louis a fait le choix de la raison et de l’efficacité bourgeoise.

Troisième mouvement (de « à un moment » à « la terre ») La nuit

  • Ensuite, il évoque un « viaduc » qui pourrait faire référence à ce qui relie deux vallées. D’ailleurs, il évoque sa situation entre deux, entre le ciel et la terre, comme entre les vivants et les morts.
  • Puis, Louis évoque de manière poétique un paysage dont nous pouvons relever le champ lexical: « vallée, lune, ciel, terre ». Le monologue devient lyrique. En témoigne également l’usage de la première personne « je ».

Louis évoque dans cette troisième partie une expérience de la solitude, d’un état suspendu dans un entre-deux.

Dernier mouvement ( de « ce que je pense » jusqu’à la fin) Un cri sans voix

  • Louis évoque alors au conditionnel ce qu’il aurait dû faire: pousser un cri. Nous pouvons d’ailleurs constater un champ lexical du cri : « résonnerait », cri », « hurler ».
  • D’abord, ce cri est qualifié de manière méliorative comme le montrent les adjectifs « grand et beau » ou « long et joyeux ».
  • Mais quel sens donner à ce cri qui n’ a pas été poussé? Plusieurs possibilités s’offrent aux lecteurs/ spectateurs.
  • Premièrement, ce cri peut être compris d’un point de vue psychologique. Une sorte d’appel à l’aide, une tentative de s’extirper de la crise individuelle et familiale qui le traversait.
  • Deuxièmement, ce cri peut être compris comme une tentative de création littéraire. Autrement dit, il regrette de n’avoir pas tenté de transformer une expérience difficile en une oeuvre littéraire.

JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE: CONCLUSION

Ainsi, la pièce s’achève sur un nouveau constat d’échec. Louis a raté le rendez-vous avec sa famille, avec lui-même mais aussi, peut-être avec l’art.

Merci de ta lecture. Nous espérons que cette fiche sur l’épilogue a pu t’aider dans ton travail. N’hésite pas à poster tes remarques et commentaires dans la rubrique ci-dessous. D’autres fiches peuvent t’aider dans tes révisions, nous t’en proposons quelques exemples ci-dessous:

Explication linéaire prologue

Explication linéaire du monologue de Suzanne

Analyse de Juste la fin du monde

Dissertation sur la crise dans Juste la fin du monde

Biographie de Jean-Luc Lagarce

Méthode de l’analyse linéaire

Une réflexion sur « Juste la fin du monde analyse linéaire épilogue »

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