Les caractères la bruyère

LES CARACTÈRES LA BRUYÈRE (comédie sociale)

Jean de La Bruyère est un moraliste classique. Il publie pour la première fois Les Carcactères ou les moeurs de ce siècle en 1688 à Paris. Or, l’écriture de cette oeuvre aurait débuté dès 1670. D’ailleurs, la réflexion et l’écriture de cet ouvrage se poursuivra jusqu’à sa mort en 1696. Ainsi, une neuvième édition paraîtra après la mort de l’auteur. En outre, l’auteur s’inspire de l’auteur grec Théophraste dont il se dit simplement le traducteur, au début des Caractères. Les livres V à X seront étudiés à travers le prisme du parcours: la comédie sociale.

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1. Les Caractères de La Bruyère, analyse d’une forme moraliste

L’oeuvre se compose de maximes et de portraits.

A. Des maximes

  • Ainsi, cette forme concise et frappante, utilisée avec une grande maîtrise par La Rochefoucauld est également employée par La Bruyère dans Les Caractères.

B. Des portraits

  • Mais La Bruyère montre de grands talents d’observation. Ainsi son oeuvre montre les travers humains et sociaux à travers des descriptions très fines de personnages, mettant en évidence des défauts.

2.Le décalage humoristique

  • Si les livres se succèdent selon un plan général, à l’intérieur de chaque livre, la succession des paragraphes semble plutôt suivre une succession piquante. En effet, le moraliste semble plutôt vouloir surprendre son lecteur que de respecter une architecture définie.
  • Chapitre 5: peinture des moeurs
  • Chapitre 6: idées sociales et politiques
  • Chapitre 7: de la ville
  • Chapitre 8: idées sociales et politiques
  • Chapitre 9: de la cour
  • Chapitre 10: des Grands

3. Les Caractères de La Bruyère, analyse d’une oeuvre classique

  • D’abord, La Bruyère présente son oeuvre avec modestie et s’inscrit dans la lignée des Anciens lorsqu’il se place dans la lignée du grec Théophraste. (auteur du IIIème siècle avant JC) Cette démarche apparaît comme tout à fait classique.
  • Mais son écriture est vive et piquante.
  • Ainsi, La Bruyère utilise la rhétorique comme dans « Voyage au pays de la cour ». Il emploie effectivement un subterfuge pour faire la satire de la cour. Il prétend faire le portrait au vitriol d’un peuple de sauvage.
  • Mais La Bruyère joue également sur des apologues. Ainsi, au chapitre X, § 9, il a recours à l’ironie pour mieux dénoncer la guerre et ses atrocités.

Pour conclure, Les Caractères de La Bruyère semblent s’inscrire dans un héritage antique, comme le veut le Classicisme. Cependant, la pensée et la vivacité du style de La Bruyère est en fait très moderne et préfigure déjà la liberté de ton des philosophes des Lumières comme Voltaire ou Montesquieu.

4. La comédie sociale dans Les Caractères de La Bruyère

Le théâtre

  • Ainsi, La Bruyère fait référence à la comédie et à la tragédie.
  • Tragédie:
  • Ex: « Des biens de fortune », 31: « Le peuple souvent a le plaisir de la tragédie : il voit périr sur le théâtre du monde les personnages les plus odieux, qui ont fait le plus de mal dans diverses scènes, et qu’il a le plus haïs. » Ici, La Bruyère s’attache à analyser le goût des spectateurs pour la tragédie qui est un divertissement moral. En effet, la catharsis doit permettre au spectateur de purger ses passions. Ainsi, lorsqu’on assiste à une pièce tragique, le héros ou l’héroïne commet des erreurs, des fautes et paie de sa vie les fautes commises. Nous ressortons purgés de ces passions, autrement dit, nous ne commettrons pas ces mêmes erreurs dans notre vie.
  • Ensuite, La Bruyère se réfère à des noms célèbres de la comédie, genre très apprécié au XVIIème siècle.
  • Ex: « Des Grands », 50. « Aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre : gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d’être naturels ; vrais personnages de comédie, des Floridors, des Mondoris. » Ainsi, La Bruyère dénonce l’hypocrisie en s’appuyant sur des noms de comédiens célèbres à l’époque.

Une écriture dramatisée (théâtralisée)

  • Effectivement, La Bruyère prend appui sur une écriture vivante, des petites scènes dialoguées.
  • Ex: « Des Grands », 37. « Quelqu’un vous dit : Je me plains d’un tel, il est fier depuis son élévation, il me dédaigne, il ne me connaît plus. — Je n’ai pas, pour moi, lui répondez-vous, sujet de m’en plaindre ; au contraire, je m’en loue fort, et il me semble même qu’il est assez civil. Je crois encore vous entendre : vous voulez qu’on sache qu’un homme en place a de l’attention pour vous, et qu’il vous démêle dans l’antichambre entre mille honnêtes gens de qui il détourne ses yeux, de peur de tomber dans l’inconvénient de leur rendre le salut ou de leur sourire. » Ainsi, nous le voyons les brèves répliques, les tirets, les guillemets suffisent à donner vie à une parole. La Bruyère donne vie à la morale.

Le théâtre du monde

  • D’abord, la théâtralité permet de dénoncer le règne des illusions.
  • Or, la métaphore du théâtre du monde est très en vogue à l’époque classique. Un grand nombre d’auteurs et de pièces baroques prennent appui sur cette métaphore, citons Shakespeare dans Macbeth ou La tempête, Les illusions comiques de Corneille, La vie est un songe de Pedro Calderon de la Barca.
  • Mais que dit cette métaphore de notre monde? D’abord, elle s’inscrit dans un référent religieux avec un Dieu démiurgique. Ainsi, chaque individu vit dans l’illusion qu’il est libre et joue son rôle dans une vaste comédie.
  • Ex: « De la cour », 99. « Dans cent ans, le monde subsistera encore dans son entier: ce sera le même théâtre et les mêmes décorations, ce ne seront plus les mêmes acteurs. » Ainsi, nous pouvons le constater, cette métaphore du theatrum mundi donne à voir la vanité de la vie humaine
  • Par ailleurs, La Bruyère veut donner à voir les faux semblants. Pour cela, il montre l’envers du décor théâtral. Au fond, ce sont les artifices qu’il veut mettre en lumière.
  • Ex: « Des biens de la fortune », 25: « Si vous allez derrière un théâtre, et si vous nombrez les poids, les roues, les cordages, qui font les vols et les machines ; si vous considérez combien de gens entrent dans l’exécution de ces mouvements, quelle force de bras, et quelle extension de nerfs ils y emploient, vous direz : « Sont-ce là les principes et les ressorts de ce spectacle si beau, si naturel, qui paraît animé et agir de soi-même ? » Vous vous récrierez : « Quels efforts ! quelle violence ! » De même n’approfondissez pas la fortune des partisans. »

Pour aller plus loin, d’autres fiches peuvent t’aider:

Biographie de La Bruyère

Les Caractères de La Bruyère (texte intégral+ PDF)

Gnathon (explication linéaire)

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