RENCONTRE AVEC L’ANTIQUAIRE

RENCONTRE AVEC L’ANTIQUAIRE. La Peau de chagrin est un roman de l’écrivain français Honoré de Balzac, publié en 1831. Il raconte l’histoire de Raphaël de Valentin, un jeune homme ambitieux qui fait un vœu en échange d’une peau magique qui réalise tous ses désirs, mais qui réduit sa durée de vie à chaque utilisation.

Dans la scène de la rencontre entre Raphaël et le vieillard, Raphaël est en quête de réponses sur la nature de la peau de chagrin et sur les conséquences de ses vœux. Il rencontre alors un vieillard qui semble être un sorcier ou un devin, et qui lui révèle la vérité sur la peau de chagrin.

On voit la rencontre entre Raphaël de Valentin et l'antiquaire dans la peau de chagrin.

Cette scène peut être analysée à travers différents prismes :

  • Symbolique : la peau de chagrin représente les désirs et les ambitions de Raphaël, qui le conduisent à la destruction. Le vieillard, quant à lui, symbolise la sagesse et l’expérience, qui lui apportent la compréhension de la véritable nature des choses.
  • psychologique : Raphaël est un personnage complexe, qui est à la fois ambitieux et impulsif. Il est en quête de réponses sur sa vie et sur les conséquences de ses choix. Le vieillard lui apporte une certaine sagesse et lui donne une perspective plus large sur la vie.
  • thématique : le roman aborde des thèmes tels que les désirs, les ambitions, la sagesse et les conséquences de nos choix. Cette scène est un moment clé dans l’histoire car elle révèle à Raphaël la véritable nature de la peau de chagrin et lui fait prendre conscience de ses erreurs.

TEXTE DE LA RENCONTRE AVEC L’ANTIQUAIRE

Tout à coup il crut avoir été appelé par une voix terrible, et tressaillit comme lorsqu’au milieu d’un brûlant cauchemar nous sommes précipités d’un seul bond dans les profondeurs d’un abîme. Il ferma les yeux ; les rayons d’une vive lumière l’éblouissaient ; il voyait briller au sein des ténèbres une sphère rougeâtre dont le centre était occupé par un petit vieillard qui se tenait debout et dirigeait sur lui la clarté d’une lampe. Il ne l’avait entendu ni venir, ni parler, ni se mouvoir. Cette apparition eut quelque chose de magique. L’homme le plus intrépide, surpris ainsi dans son sommeil, aurait sans doute tremblé devant ce personnage extraordinaire qui semblait être sorti d’un sarcophage voisin. La singulière jeunesse qui animait les yeux immobiles de cette espèce de fantôme empêchait l’inconnu de croire à des effets surnaturels ; néanmoins, pendant le rapide intervalle qui sépara sa vie somnambulique de sa vie réelle, il demeura dans le doute philosophique recommandé par Descartes, et fut alors, malgré lui, sous la puissance de ces inexplicables hallucinations dont les mystères sont condamnés par notre fierté ou que notre science impuissante tâche en vain d’analyser.

Figurez-vous un petit vieillard sec et maigre, vêtu d’une robe eu velours noir, serrée autour de ses reins par un gros cordon de soie. Sur sa tête, une calotte en velours également noir laissait passer, de chaque côté de la figure, les longues mèches de ses cheveux blancs et s’appliquait sur le crâne de manière à rigidement encadrer le front. La robe ensevelissait le corps comme dans un vaste linceul, et ne permettait de voir d’autre forme humaine qu’un visage étroit et pâle. Sans le bras décharné, qui ressemblait à un bâton sur lequel on aurait posé une étoffe et que le vieillard tenait en l’air pour faire porter sur le jeune homme toute la clarté de la lampe, ce visage aurait paru suspendu dans les airs. Une barbe grise et taillée en pointe cachait le menton de cet être bizarre, et lui donnait l’apparence de ces têtes judaïques qui servent de types aux artistes quand ils veulent représenter Moïse. Les lèvres de cet homme étaient si décolorées, si minces, qu’il fallait une attention particulière pour deviner la ligne tracée par la bouche dans son blanc visage. Son large front ridé, ses joues blêmes et creuses, la rigueur implacable de ses petits veux verts, dénués de cils et de sourcils, pouvaient faire croire à l’inconnu que le Peseur d’or de Gérard Dow était sorti de son cadre. Une finesse d’inquisiteur, trahie par les sinuosités de ses rides et par les plis circulaires dessinés sur ses tempes, accusait une science profonde des choses de la vie. Il était impossible de tromper cet homme qui semblait avoir le don de surprendre les pensées au fond des cœurs les plus discrets. Les meurs de toutes les nations du globe et leurs sagesses se résumaient sur sa face froide, comme les productions du monde entier se trouvaient accumulées dans ses magasins poudreux ; vous y auriez lu la tranquillité lucide d’un Dieu qui voit tout, ou la force orgueilleuse d’un homme qui a tout vu.

Un peintre aurait, avec deux expressions différentes et en deux coups de pinceau, fait de cette figure une belle image du Père Éternel ou le masque ricaneur du Méphistophélès, car il se trouvait tout ensemble une suprême puissance dans le front et de sinistres railleries sur la bouche. En broyant toutes les peines humaines sous un pouvoir immense, cet homme devait avoir tué les joies terrestres. Le moribond frémit en pressentant que ce vieux génie habitait une sphère étrangère au monde où il vivait seul, sans jouissances, parce qu’il n’avait plus d’illusion, sans douleur, parce qu’il ne connaissait plus de plaisirs. Le vieillard se tenait debout, immobile, inébranlable comme une étoile au milieu d’un nuage de lumière, ses yeux verts, pleins de je ne sais quelle malice calme, semblaient éclairer le monde moral comme sa lampe illuminait ce cabinet mystérieux. Tel fut le spectacle étrange qui surprit le jeune homme au moment où il ouvrit les yeux, après avoir été bercé par des pensées de mort et de fantasques images.

PLAN DU COMMENTAIRE

Problématique possible: Dans quelle mesure cette rencontre peut-elle être considérée comme une initiation à la vie pour Raphaël?

I. La rencontre entre Raphaël et l’antiquaire

1.L’éveil de Raphaël

Raphaël semble plongé dans une sorte de sommeil, de stupeur.

Ex: « Tout à coup il crut avoir été appelé par une voix terrible, et tressaillit comme lorsqu’au milieu d’un brûlant cauchemar nous sommes précipités d’un seul bond dans les profondeurs d’un abîme »

2.Une apparition surnaturelle

Or, le vieil antiquaire apparaît de manière quasi surnaturelle, comme apparaîtrait un être aux pouvoirs magiques.

Ex: « Il ferma les yeux ; les rayons d’une vive lumière l’éblouissaient ; il voyait briller au sein des ténèbres une sphère rougeâtre dont le centre était occupé par un petit vieillard qui se tenait debout » (voir le vocabulaire de la lumière qui crée une entrée en scène fantastique)

3.La surprise

Ainsi, Raphaël est très surpris de cette rencontre.

Ex:« Il ne l’avait entendu ni venir, ni parler, ni se mouvoir. Cette apparition eut quelque chose de magique. » (voir le parallélisme de construction qui montre que Raphaël est dans l’incapacité de réagir face à cette apparition quasi surnaturelle)

II. Description physique du vieillard

1.Un physique de vieillard

Ex: « Figurez-vous un petit vieillard sec et maigre, vêtu d’une robe eu velours noir, serrée autour de ses reins par un gros cordon de soie »

2. Un être mystique

Or le vieil antiquaire prend l’apparence d’un vieux sage.

Ex: « Il avait les cheveux blancs et une barbe grise taillée en pointe, qui lui donnait l’apparence d’un Moïse »

III. Un vieillard mystérieux

1. Un sage

Cette rencontre est essentielle pour Raphaël qui est un jeune homme. En effet, ce vieil homme semble, à l’inverse connaître les secrets de la vie.

Ex: « Il avait l’air d’avoir une grande connaissance des choses de la vie »

2. Des pouvoirs surnaturels?

Ce vieil homme semble avoir assez vécu ou posséder des dons particuliers de telle sorte que rien ne peut lui être caché.

Ex: « Il était impossible de tromper cet homme qui semblait avoir le don de surprendre les pensées au fond des cœurs les plus discrets »

3. Un être de savoir

Ex: « Une finesse d’inquisiteur, trahie par les sinuosités de ses rides et par les plis circulaires dessinés sur ses tempes, accusait une science profonde des choses de la vie. »

Conclusion

  • La scène décrit une rencontre surprenante et inquiétante entre Raphaël et un vieillard qui semble sortir d’un sarcophage
  • Le vieillard est décrit comme étant un personnage extraordinaire et mystérieux, avec une grande connaissance des choses de la vie
  • Cette rencontre plonge Raphaël dans un état de confusion et de doute.

Pour aller plus loin:

Fiche biographique de Balzac

Dissertation sur la Peau de chagrin

-Résumé de la Peau de chagrin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.