LE LIEVRE ET LA TORTUE

Le lievre et la tortue. Comme « Le corbeau et le renard » ou bien « La cigale et la fourmi », c’est l’une des fables les plus célèbres de Jean de La Fontaine. En effet, le moraliste classique s’inspire d’Esope pour mieux nous enseigner une morale de vie. Nous proposons de lire le texte intégral de la fable de La Fontaine. Puis, nous expliquerons le sens du texte. Enfin, nous lirons la fable originale d’Esope. (traduite évidemment)

On voit l'illustration de la fable le lievre et la tortue par Gustave Doré.

LE LIEVRE ET LA TORTUE


Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons1,dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but. – Sitôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l’animal léger.
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore2. Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,
Ni de quel juge l’on convint.
Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire ;
J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur3.
Elle part, elle s’évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure4à peu de gloire,
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure. A la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière5,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l’emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?

Jean de la Fontaine, Les Fables.


Vocabulaire

  1. Gageons : parions
  2. quatre grains d’ellébore : l’ellébore était utilisé autrefois pour soigner la folie. Selon l’expression
    « Avoir besoin de deux grains d’ellébore », 2 grains suffisaient mais ici le lièvre en « prescrit » 4 ce qui
    montre à quel point il pense que le pari de la tortue est fou.
  3. Aller son train de Sénateur : aller lentement
  4. Gageure : pari fou, fait en dépit du bon sens.
  5. Au bout de la carrière : fin du parcours de la course

LE LIEVRE ET LA TORTUE: EXPLICATION

  • D’abord, constatons que cette fois la morale est explicite dans les deux premiers vers. (Alors que dans « La cigale et la fourmi » la morale est implicite. Chacun peut exprimer la morale à tirer du récit effectué dans le texte.)
  • De plus, autre point commun avec « La cigale et la fourmi », l’histoire présente deux personnages opposés. D’un côté, le lièvre renvoie à la vitesse tandis que la tortue renvoie à la lenteur.
  • Ensuite, on constate que le lièvre a un travers majeur. Comme la fourmi qui a la qualité d’être économe, travailleuse et prévoyante, elle a aussi un gros défaut, elle n’est pas partageuse. De même, ici, le lièvre qui est très rapide a un gros défaut, il est orgueilleux. Or ce défaut le mène à sa perte.
  • A l’inverse, la tortue est particulièrement lente mais elle a une grande qualité, elle est opiniâtre. Ainsi, sans se décourager face à un combat qui semble perdu d’avance, elle donne le meilleur d’elle-même pour triompher.

LE TEXTE D’ORIGINE: ESOPE

LA TORTUE ET LE LIEVRE


Le Lièvre considérant la Tortue qui marchait d’un pas tardif, et qui ne se traînait qu’avec peine, se mit à se moquer d’elle et de sa lenteur. La Tortue n’entendit point raillerie, et lui dit d’un ton aigre, qu’elle le défiait, et qu’elle le vaincrait à la course, quoiqu’il se vantât fièrement de sa légèreté. Le Lièvre accepta le défi. Ils convinrent ensemble du lieu où ils devaient courir, et du terme* de leur course. Le Renard fut choisi par les deux parties pour juger ce différend. La Tortue se mit en chemin, et le Lièvre à dormir, croyant avoir toujours du temps de reste pour atteindre la Tortue, et pour arriver au but avant elle. Mais enfin elle se rendit au but avant que le Lièvre fut éveillé. Sa nonchalance l’exposa aux railleries des autres Animaux. Le Renard, en Juge équitable, donna le prix de la course à la Tortue.


Esope (VIIe-VIe siècle av. J.-C)

-« La cigale et la fourmi » (texte+ analyse)

« Les animaux malades de la peste » (texte)

« La laitière et le pot au lait » (texte)

Dissertation corrigée sur Les fables de La Fontaine

Fiche sur le mouvement littéraire du classicisme

Fiche biographique Jean de la Fontaine

« Le petit poucet » de Charles Perrault

« La belle au bois dormant » (texte de Charles Perrault)

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